Huitième Article
C O M P R E N D R E : M O D E D ' E M P L O I .
Dès la naissance, il est nécessaire d'apprendre au nouveau-né à chercher à comprendre. Mais, depuis des millénaires, on l'éduque pour en faire un robot : -- Fais ce que l'on te dit. Contente-toi de reproduire. Ne demande pas pourquoi. Obéis et tais toi. Ta récompense sera un diplôme.
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Il s'agit de notre vie et les autres décident pour nous. Pourtant, dès le début, le bambin veut savoir : -- Pourquoi, pourquoi ? Le leitmotiv agace les parents.
Or, apprendre à chercher à comprendre est une discipline épouvantable. On ne l'inculque pas à l'enfant, au contraire. Après, on s'étonne qu'il ne veuille et ne puisse plus faire d'effort, dans quelque domaine que ce soit. Sans résistance, il perd l'envie de se battre, même dans son propre intérêt. Bien qu'éduqué à recevoir une manne pré-mâchée, il ne sait pas conquérir sa liberté intellectuelle, ni les butins qui ne lui seraient pas donné gratuitement.
C'est LOGIQUE ! On l'a affaibli en empêchant de voir les réalités en face. Finalement, il ne se rebelle que lorsque l'autorité le bouscule trop. Alors, il réclame la liberté. C'est, hélas, trop tard. Il ne la connaît pas. Il n'a pas appris à s'en servir. Si on la lui donnait, il la refuserait, car elle est trop nue, trop grande, trop drastique. Elle lui demande, surtout, de devenir responsable de sa vie en totalité, de ne pas rejeter la faute sur les autres. La voilà, la liberté.
L'adolescent proteste contre ce qui contrecarre tous ses désirs. Il pense se rebeller. Ce ne sera que superficiel et pour des broutilles. Sur le fond, c'est déjà perdu. Son âme est fragilisée. Il accepte désormais comme définitif et inéluctable, ce que les dirigeants lui ont inculqué : "l'ordre de rester mouton". Devenu adulte, il se résigne.
Il n'a plus qu'à choisir son camp. Être soit le Dominé, maillon faible impuissant soit le Dominant garant des lois, roulant dans la farine le révolutionnaire que les consortiums récupèrent, comme d'habitude, après quelques tours de passe-passe...
Les embrouillaminis, la confusion mentale devenue mondiale sur tous les plans, sont les résultats de ce statu-quo séculaire. L'être humain est devenu la victime de son ignorance en ce qui concerne ses propres motivations.
Les jeunes désoeuvrés, plus ou moins rebelles ou délinquants, ne sont pas des révoltés contre le système de pensée des nantis, mais seulement contre leur système de fonctionnement, car celui-ci les exclut du gâteau.
S'ils pouvaient disputer leur part aux lions, non seulement ils se gobergeraient en s'installant comme les autres dans une richesse plus ou moins bien acquise, mais de plus, ils retourneraient immédiatement leur veste tout en gardant le "raisonnement millénaire dualiste" qu'ils n'avaient jamais vraiment remis en cause, quoi qu'ils aient dit...
Ce n'est pas cela la véritable révolution, celle qui remplace les pions de l'échiquier par d'autres tout à fait semblables et interchangeables. La principale transformation résidera dans la nouvelle forme de pensée qui se servira du binaire et non du dualisme, ouvrant ainsi la brèche à toutes les possibilités.
Finalement, quel est notre but ? A la base, nous voulons nous maintenir et rechercher de plus en plus de confort. Pour atteindre ce résultat, il est indispensable de connaître au mieux, à chaque instant et non une fois pour toutes, notre position en SITUATION.
Si l'individu négligeait son environnement, il pourrait se retrouver face à de graves dangers. L'ouvrier qui jette un regard distrait sur sa machine risque d'y laisser trois doigts. Il est bel et bien responsable de sa propre survie. Ce n'est pas le contremaître et son patron qui sont les garants de sa bonne santé.
Les Droits de l'Homme ont été édictés dans un temps où le droit du citoyen n'était pas respecté. Ils ne lui donnent aucun pouvoir, car ce voeu pieux n'est que virtuel. Il n'a force de loi que s'il entre dans les visées des coutumes en cours et selon le bon plaisir de ses législateurs. La torture est encore légale dans certains pays, ainsi que la peine de mort.
Pendant ce temps-là, le pauvre lampiste, quelque soit son niveau, est assis entre deux chaises. Sur l'une il aperçoit ses droits, sur l'autre ses devoirs. Les deux propositions ne sont pas nettes parce que considérées sous un angle social. Maintenu en équilibre, au beau milieu, il ne se pose pas les vraies questions, celles qui se situent par rapport à lui. Ou plutôt, il ne voit pas qu'elles sont camouflées derrière de faux arbitraires.
-- QUI SUIS-JE ? OU VAIS-JE ? QUE FAIRE POUR Y ALLER ?
Si l'individu se positionne à sa vraie place, faisant alors abstraction de ce regard des autres sur lui, les réponses deviennent alors incroyablement différentes. Elles reposent, cette fois-ci, sur de véritables motifs. La question "QUI SUIS-JE ?" ne veut plus, tout à coup, dire la même chose, selon qu'elle se place sur le plan personnel ou sur une exigence sociale.
Sorti du piège du jugement du voisin indifférent à son cas particulier, il n'est plus cette entité aux ordres d'une société qui prétend le défendre. Il découvre sa situation de survie, dans un environnement qu'il doit prendre en compte personnellement. Cette vision va de lui vers l'extérieur et non plus de l'extérieur vers lui.
Chloey Till "INFINIMENT LOGIQUE"